L’absinthe, également appelée Grande absinthe en opposition à la Petite absinthe, est une plante vivace herbacée qui croît facilement sur des terrains rocailleux. Au début des années 1780, un médecin français , Pierre Ordinaire, qui associait à l’exercice de la médecine celui de la pharmacie, s’installa à Couvet dans le Val-de-Travers. Il proposait à ses patients un élixir d’absinthe élaboré à partir de plantes aromatiques dont il avait le secret. On ne saura jamais exactement si cette recette fut importée de France ou élaborée en Suisse, d’où les nombreux débats à ce sujet. À sa mort, il légua la recette à sa gouvernante « La Mère Henriod » qui la revendit. En 1797, la recette de cette fabrication devint propriété d’Henri-Louis Perrenod, un industriel suisse. C’est ainsi que la première distillerie d’absinthe vit le jour à Couvet suivie de très près par beaucoup d’autres. En 1805, Henri-Louis Perrenod, dont le patronyme fut modifié en « Pernod », fonda une fabrique à Pontarlier dans le Haut Doubs français. L’absinthe, nommée affectueusement « la Fée verte » ou « la Bleue » connut un succès foudroyant. Pourtant, à la fin du 19ème siècle de nombreux cas d’intoxications sévères furent constatés, intoxications notamment décrites par Emile Zola dans « L’Assommoir ». Dans le Val-de-Travers et plus généralement en Suisse, on accusait l’absinthe de rendre fous ceux qui en buvaient. La thuyone, un excitant naturel contenu dans les plantes d’absinthe, était parfois surdosée dans certaines productions artisanales d’absinthe, ce qui pouvait rendre agressif et se révéler potentiellement dangereux pour la santé. Pour cette raison, elle fut interdite en Suisse dès 1910 suite à des votations populaires. La France suivit cette interdiction dès 1915. Si Henri Louis Pernod créa le « Pastis » pour parer à cette interdiction, les Vallonniers voient ces votations comme une trahison et continue la distillation dans la clandestinité. C’est l’époque des distilleries cachées dans les caves ou autres endroits propices à l’accueil d’un alambic. Mais ce n’est en vrai un secret pour personne, car dès que l’alambic entre en fonction, l’odeur si caractéristique de l’absinthe se répand dans les airs et dans les rues du Val-de-Travers avec toutes les anecdotes de l’époque qui s’en suivent.

Le 1er mars 2005, lors d’une nouvelle votation populaire, les Suisses reviennent sur leur décision et dépénalise la production et la vente d’absinthe. Elle doit maintenant répondre à une réglementation européenne limitant sont taux de thuyone à 35 mg par litre.